Dans ce volume d’assez grand format à couverture souple, Marc Lemonier invite ses lecteurs à déambuler dans le Paris interlope des années 1930 à 1960 (avec quelques incursions dans les décennies précédentes). Très richement illustré, le livre nous entraîne dans le cœur névralgique de la prostitution, avant et après la fermeture des maisons closes (1946), des trafics en tous genres, ainsi que des cabarets et cafés plus ou moins bien fréquentés. De la porte Saint-Denis à Montmartre, de la Bastille à Pigalle, on rencontre une faune bigarrée, des voyous et maquereaux aux touristes venus s’encanailler, des artistes et marginaux aux policiers de la mondaine infiltrés pour les besoins de la cause dans des « maisons de rendez-vous » et « clandés » aux offres variées, propres à satisfaire toutes les envies.
L’auteur s’appuie sur les sources contemporaines, enquêtes et reportages de journalistes, récits et autobiographies d’écrivains, rapports de police, pour donner vie à ce monde à la fois proche et lointain. Lecture plaisir avant tout, ce livre est une excellente introduction au sujet et un hymne au « gai Paris » populaire, qui a marqué l’imaginaire culturel, quand bien même il n’en resterait plus rien dans la réalité. Il présente l’intérêt d’évoquer une période moins souvent traitée que l’âge d’or, si j’ose dire, de la prostitution parisienne (du milieu du XIXe siècle jusqu’à la Belle Époque). La misère des prostituées est assez peu évoquée, le ton se veut plutôt léger. Point de manifeste féministe, de dénonciation dans ces pages. Sans être un éloge du temps passé – la violence et la noirceur ne sont pas niées –, il flotte indéniablement dans ces pages un parfum de nostalgie, pour l’esprit parisien si particulier de ce temps, pas toujours reluisant, certes, mais indéniablement original.
Vous pouvez feuilleter le livre sur le site de l’éditeur : https://www.parigramme.com/livre-les-nuits-immorales-de-paris-1930-1960-551.htm
Litterae meae 